Le 10 octobre 2025, une cyberattaque d’ampleur a frappé les lycées publics de la région Hauts-de-France. Près de 80% des établissements ont été touchés par le rançongiciel Qilin, paralysant l’accès aux réseaux et à internet pour des dizaines de milliers de lycéens et d’enseignants.

Pour les dirigeants, DSI et RSSI, cette attaque offre des enseignements précieux sur les risques cyber modernes et les mesures de protection indispensables. Au-delà du secteur éducatif, toute organisation interconnectant plusieurs sites via un système d’information centralisé fait face aux mêmes menaces. Découvrez l’anatomie de cette cyberattaque, ses conséquences concrètes et les actions à mettre en œuvre pour protéger votre entreprise.

Anatomie d’une cyberattaque à grande échelle

Le déroulé de l’incident du 10 octobre 2025

Le vendredi 10 octobre 2025, une cyberattaque a visé le système d’information des lycées en Hauts-de-France. Selon la Région, près de 80% des lycées publics du territoire ont été touchés par cette attaque, liée au rançongiciel Qilin.

Dès la détection de l’incident, une cellule de crise conjointe entre la Région Hauts-de-France et les autorités académiques a été immédiatement activée. Les mesures d’urgence ont été drastiques : l’accès aux réseaux et à Internet a été temporairement suspendu dans les établissements concernés, avec pour consigne de maintenir tous les ordinateurs éteints pour éviter la propagation du malware.

Cette réactivité, bien que nécessaire, a provoqué une perturbation majeure : retour forcé aux méthodes d’enseignement traditionnelles, impossibilité d’accéder aux ressources pédagogiques numériques, et suspension de tous les services administratifs informatisés. Un audit cybersécurité post-incident sera indispensable pour comprendre les failles exploitées et reconstruire un système plus résilient.

Le rançongiciel Qilin : une menace sophistiquée

Le rançongiciel Qilin est un Ransomware-as-a-Service (RaaS) qui a émergé en juillet 2022, ciblant principalement les secteurs industriels, les services professionnels et commerciaux, avec une concentration notable en Amérique du Nord et en Europe.

Le modèle RaaS représente une évolution majeure du cybercrime : les développeurs du rançongiciel louent leur infrastructure technique à des affiliés qui mènent les attaques, partageant ensuite les profits. Cette industrialisation rend les attaques plus fréquentes et professionnelles.

Les caractéristiques linguistiques et techniques suggèrent une origine russophone, le logiciel étant configuré pour ne pas attaquer les systèmes de la Communauté des États indépendants. Cette signature géopolitique soulève des questions sur les motivations potentiellement mixtes : financières mais aussi déstabilisatrices.

Les conséquences multidimensionnelles de l’attaque

Impact opérationnel immédiat sur l’enseignement

La suspension forcée de tous les systèmes informatiques a créé des perturbations considérables dans le quotidien des établissements. Les enseignants ont dû adapter instantanément leurs cours, revenant aux supports papier et aux méthodes traditionnelles d’enseignement.

Les conséquences pédagogiques sont multiples :

• Impossibilité d’accéder aux manuels numériques et ressources en ligne

• Suspension des évaluations informatisées et des plateformes d’apprentissage

• Perturbation de la communication entre enseignants, élèves et familles via les ENT

• Interruption des services de vie scolaire (cantine, absences, notes)

Les enjeux de la cybersécurité en milieu interconnecté

Défis spécifiques des infrastructures multi-sites

Les infrastructures informatiques mutualisées et multi-sites présentent des particularités en matière de sécurité. Elles offrent des avantages indéniables en termes d’économies d’échelle et de centralisation de la gestion, mais créent également des défis spécifiques.

L’interconnexion des systèmes : lorsque de nombreux sites partagent une infrastructure commune, un incident sur un point peut potentiellement se propager à l’ensemble. Cette réalité technique souligne l’importance de la segmentation réseau et du cloisonnement des environnements.

La complexité de gestion : plus l’infrastructure est étendue, plus il devient nécessaire de maintenir des standards de sécurité uniformes. Des configurations cohérentes et des processus de mise à jour harmonisés deviennent essentiels.

La coordination entre acteurs : dans les environnements multi-acteurs (collectivités, établissements, prestataires), la clarté des responsabilités et la fluidité de la communication deviennent cruciales, particulièrement en situation de crise.

Ces caractéristiques ne sont pas propres au secteur public. Toute organisation multi-sites, qu’elle soit privée ou publique, fait face à des enjeux similaires de sécurisation d’infrastructures distribuées.

Bonnes pratiques de protection et de prévention

Construire une défense adaptée aux menaces modernes

Face à des menaces sophistiquées, une approche multi-couches combinant prévention, détection et réponse s’avère la plus efficace.

Segmentation et cloisonnement : isoler les différents environnements et fonctions limite les possibilités de propagation d’une compromission. Cette architecture en zones de confiance différenciées constitue une bonne pratique gouvernance IT reconnue.

Authentification renforcée : déployer l’authentification multi-facteur sur tous les accès sensibles, particulièrement les accès distants, constitue une mesure de protection essentielle et relativement simple à mettre en œuvre.

Gestion proactive des correctifs : maintenir les systèmes à jour élimine les vulnérabilités connues. Un processus de gestion des mises à jour structuré et suivi devient un pilier de la politique de sécurité informatique.

Surveillance et détection : mettre en place des capacités de détection des comportements anormaux permet d’identifier rapidement une compromission et de limiter son impact. Le suivi des incidents sécurité s’appuie sur ces capacités de surveillance.

Sauvegardes robustes : maintenir des sauvegardes régulières, isolées du réseau principal et testées périodiquement garantit la capacité de récupération. Cette pratique fondamentale fait partie intégrante du contrôle interne sécurité.

Ces mesures, combinées dans une approche cohérente, renforcent significativement la résilience face aux cyberattaques.

Le rôle central de la sensibilisation

Au-delà des protections techniques, le facteur humain joue un rôle déterminant dans la prévention des incidents de sécurité.

Formation continue des utilisateurs : sensibiliser régulièrement tous les utilisateurs aux menaces courantes (phishing, mots de passe, ingénierie sociale) transforme chacun en acteur de la sécurité. Cette sensibilisation doit être adaptée aux différents publics.

Sensibilisation auprès des lycéens : dans le contexte éducatif, former les jeunes aux risques cyber et aux bonnes pratiques numériques les protège personnellement tout en contribuant à la sécurité collective de l’établissement. Cette éducation au numérique responsable présente un double bénéfice.

Culture de la sécurité partagée : développer une culture où chacun se sent responsable de la sécurité collective crée un environnement plus résilient. Cette culture se construit progressivement par la communication, la pédagogie et l’exemple.

La gestion des risques cyber intègre systématiquement ce volet humain, considéré comme aussi critique que les aspects techniques.

Ressources et accompagnement disponibles

S’appuyer sur l’écosystème cyber

Aucune organisation n’est seule face aux défis de la cybersécurité. Un riche écosystème d’acteurs et de ressources existe pour accompagner les démarches de renforcement.

Cybermalveillance.gouv.fr : cette plateforme gouvernementale offre assistance gratuite, ressources pédagogiques et mise en relation avec des prestataires qualifiés. Un point d’entrée précieux pour les organisations de toutes tailles.

ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information) : l’agence publie régulièrement des guides de bonnes pratiques, des bulletins d’alerte et des recommandations sectorielles. Ces ressources gratuites constituent une base solide.

Campus Cyber régionaux : ces structures fédèrent les acteurs locaux de la cybersécurité et proposent événements, formations et partage d’expériences. Y adhérer facilite l’accès à l’expertise collective.

Associations professionnelles : le CESIN, le CLUSIF et autres associations sectorielles proposent retours d’expérience, formations et networking entre pairs.

Conclusion : La résilience comme objectif partagé

L’incident qui a touché les lycées Hauts-de-France rappelle que la cybersécurité concerne toutes les organisations, quels que soient leur taille, leur secteur ou leurs moyens. La réactivité et l’efficacité dont ont fait preuve les équipes régionales et académiques démontre et prouve l’importance d’avoir des procédures de crise préparées et des circuits de décision clairs.

La cybersécurité n’est pas une destination mais un voyage d’amélioration continue. Chaque organisation peut progresser à son rythme, en priorisant les actions selon ses enjeux spécifiques. L’essentiel est de commencer, d’avancer progressivement et de capitaliser sur chaque étape pour renforcer sa résilience.

Souhaitez-vous évaluer la résilience de votre organisation face aux cybermenaces modernes ? Nos experts en gouvernance cybersécurité vous accompagnent dans cette démarche constructive. Contactez-nous pour réaliser un audit cybersécurité objectif et élaborer ensemble un plan d’action adapté à vos enjeux et vos ressources. Construisons ensemble votre résilience cyber.